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Les tribulations du papillon
Les tribulations du papillon
3 octobre 2010

La Rencontre

J'attendais ce moment depuis si longtemps. A vrai dire, je l'attendais depuis 9 mois. Depuis le jour où j'ai entendu ces quelques mots : « On attend un bébé. »

Je ne réalisais pas du tout l'ampleur que cela pouvait avoir. Mais petit à petit, plus le temps avançait, plus je voyais ce ventre devenir de plus en plus large. Je ne réalisais pas qu'il y avait vraiment un petit bout de vie là-dedans. Lorsque je mettais ma main, je ne ressentais pas grand chose, et je ne le sentais que rarement, pas très réceptif à mon toucher, apparemment.

Puis, les mois ce sont écoulés. L'été a passé vite. Les grandes étapes de la vie aussi. Les 20 ans. Indochine au Stade de France. Paris. L'été, le soleil. Les vacances. Temple-sur-Lot. Puis le nouveau job décroché, un belle opportunité. Tout cela est passé si vite, que je n'ai pas vu les derniers jours d'août arriver. Si bien que, lundi passé, j'ai pris comme une claque en apprenant que, suite à trop de douleurs, l'accouchement aurait lieu le jour du terme prévu, le 1er septembre. Quelle jolie date, n'est-ce pas ?

Puis, le mercredi arriva. Je n'avais pas beaucoup dormi, comme d'habitude, mais cette fois, c'était spécial. Je savais qu'en ouvrant les yeux ce matin-là, je ne les refermerais pas en étant la même personne. Je savais c'était un grand jour, un jour spécial. Alors je n'eu aucune peine à me lever ce matin-là. Aucune peine à aller travailler. Jusqu'à ce que je reçoive des nouvelles pas franchement réjouissantes. Le soir, à 19h, toujours rien. Ce serait probablement le lendemain matin.

A ce moment-là, je me sentais, ridiculement, comme si j'étais une gamine à qui l'on avait retiré ses cadeaux de Noël. Mon coeur s'était serré. Je ne voulais pas y croire. Pour moi, dans mon coeur, c'était programmé. Aujourd'hui, et pas un seul jour de plus. Mais j'ai fait la petite fille sage. Après tout, je n'y pouvais strictement rien. Malgré les larmes qui menaçaient de couler, j'ai continué ma tâche en essayant de faire abstraction. Jusqu'au prochain coup de fil, de meilleur augure cette fois. Une césarienne prévue à 21h. Ouf, il arrivera aujourd'hui. Dans mon coeur, c'était le branle-bas : une fois préparé à recevoir une nouvelle personne à aimer, une fois lui dire « non, attends, ça viendra demain », puis une autre fois à lui dire « non, prépare toi, c'est aujourd'hui ! ». Alors patiemment, j'ai attendu. 21h30, pas de nouvelles. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ? Mais c'était insurmontable. L'envie incessante de vouloir savoir, vouloir une confirmation.

Si bien que l'on prend la voiture et on se dirige vers l'hôpital. La peur au ventre, le coeur bombé, l'envie pressante, de savoir, de pouvoir voir, toucher ? Mais à 22h, nous n'arriverons certainement à rien. Mais tant pis. Le hall d'entrée est moderne, surveillé par un agent de sécurité. On ne sait pas, on attend. Une heure. Une heure quinze... On monte. Personne. Juste cette vitre, avec les prénoms des bébés nés. Il est là, tout en bas, dans un joli bleu turquoise. C'est écrit en grand. « Ezio – 01.09 ».

A ce moment, mon coeur a fait un immense bond dans ma poitrine. Quelque chose s'était envolé, une crainte que quelque chose ne soit arrivé, et puis il y avait aussi la joie. Surtout la joie. La joie de savoir qu'il était enfin arrivé, et aussi, de savoir que mon intuition n'était pas fausse. Parler de ce petit bout de vie au masculin pendant des mois prenait enfin un sens. C'était un petit mec. Mon petit mec à moi. Un peu de mon sang. Un peu de moi ? Je ne savais pas. Mais ce dont j'étais sûre, c'était que je l'aimais déjà si fort, encore plus fort que quand il n'était pas encore là. J'espérais qu'il puisse sentir ma bonne humeur depuis là où il était, car ce soir-là, à part avoir vu son nom sur ce petit tableau lumineux, nous n'avons rien pu avoir d'autre. Nous sommes repartis, un sourire suspendu aux lèvres.

S'endormir, vite, se dire que demain, personne ne nous en empêchera, on prendre congé pour aller le voir. Passer un après-midi entier avec lui. Le regarder sous toutes ses coutures. Le toucher, le caresser, lui dire qu'on l'aime. Ne rien voir passer de la nuit, jusqu'à 5h, le réveil sonne. Premier réflexe : téléphone. Le coeur s'emballe. Un MMS reçu. Vite, vite, on se réveille. Le MMS s'ouvre. Rester interdite. Fixer cette photo jusqu'à ce que les yeux brûlent de rester trop longtemps ouverts sur cette petite créature. Et pleurer. Rire, et pleurer à la fois. Ne pas y croire vraiment. Caresser l'écran du bout des doigts, même si ce n'est pas aussi doux que sa peau... Puis constater, à travers les larmes, qu'il a beaucoup de cheveux. C'est notre premier point commun. Et son nez, si petit, un peu arrondi, comme le mien aussi. Pleurer encore plus, de joie. Se dire enfin, réaliser : « Il est là. »

Puis je suis sortie en trombe de ma chambre, car tout le monde s'éveillait aussi dans la maison. Je souriais encore comme une folle. Ma mère sortait de la chambre alors que mon père était à la salle de bain. « Regardez !! » et voir les réactions. Les deux, bien prévisible, l'un pleure, l'autre est un peu émue. Et puis j'ai regardé cette photo toute la matinée... jusqu'à 14h où j'ai enfin pu aller à l'hôpital.

J'avais mon estomac un peu noué, mais en même temps j'étais impatiente. J'attendais cette rencontre depuis si longtemps, je me l'étais imaginée tant de fois, qu'au final je ne savais pas comment réagir. J'avais déjà eu cette sensation, un certain 13 décembre 2009, mais là, c'était différent, tout aussi fort, mais d'une autre intensité. J'allais rencontrer un nouveau membre de la famille. Je me retenais de courir dans les couloirs. Puis je suis arrivée à la chambre, avec mon père, la 517. Boum boum, fait mon coeur en même temps que mes coups sur la porte. Je retiens ma respiration. « Entrez. » Je relâche tout.

La porte s'ouvre, comme dans un film. Je ne vois pas grand chose au début, juste mon frère assis au fond sur une chaise. On entre tout doucement. Je m'avance... puis je les vois. La maman et le bébé. Il est si petit que si je n'avais pas su qu'il était là, je ne l'aurais pas vu. Il est là, avec tous ces cheveux, blottis contre elle, dans sa petite couverture bleue... Et là, c'est plus fort que moi, je me mets à pleurer.

Je m'approche, je l'observe, il est si beau. Tellement beau que je me demande comment c'est possible ? Ses joues déjà rondes, le velouté parfait de sa peau, ses petits yeux fermés, ses sourcils si délicats, ses mains minuscules, tellement jolies. Ses cheveux, qui lui donnent tant de charme. Ses petites lèvres, si fines, qui avaient l'air si douces. Son odeur, si caractéristique du bébé... comment ne pas craquer ? L'envie irrésistible de le couvrir de baisers, de déjà lui dire « Je t'aime, je t'aime, je t'aime », pour ne pas qu'il l'oublie, déjà.

Les yeux embués, je ne pouvais penser que cela, qu'il était splendide. Juste... Parfait.

Puis, je l'ai eu dans mes bras. J'ai senti sa douceur et son odeur, sa délicatesse et sa finesse, sa sérénité et sa légèreté (malgré les 4, 150 kg.. ;) ). J'avais peur de ne pas savoir faire. Mais finalement, le contact est arrivé tout seul. Les gestes, les choses à faire... je l'ai compris seule.

Aujourd'hui, j'ai trainé pour écrire ce texte. Il a déjà un mois. Un beau mois. Il est plus grand, plus gros... mais toujours aussi beau, calme, serein. Toujours aussi parfait.

Pour moi, c'est une nouvelle vie qui commence, une nouvelle raison de vivre, très importante. Des nouveaux week-ends de bonheur en perspective. Plein de magnifiques moments.

Et là, je prend conscience... après 20 ans... que la Vie est quand même si belle. Si belle de nous offrir des cadeaux comme ça. Et je remercie sincèrement la Vie de m'avoir offert ce magnifique cadeau qu'est Ezio.

❤❤❤❤❤❤

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